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Merci le télétravail, mer-ci. Tu sauves l’économie dans une certaine proportion que je laisse aux économistes le soin d’évaluer. Tu as fait une poussée soudaine, le coronavirus faisant office d’hormone de croissance pour toi que certains réfractaires peinaient à nourrir. Mais comme pour ceux qui grandissent trop vite, ce n’est pas sans maux qu’il faut vite soigner pour préserver ta colonne vertébrale : les collaborateurs.

Visio, cet outil de non-communication ?

Qui dit télétravail dit visioconférence. Cet outil merveilleux qu’est la webcam et qui sublime votre visage et vos expressions… Sublimer est un bien grand mot, vous l’aurez compris. Au mieux on nous reconnait, au pire on découvre les moindres défauts de son expression faciale. Vous avez dit expression ? Tssstsssstsss, pas si vite. On peut effectivement s’interroger sur la perception de la communication para-verbale (le ton et le rythme de la voix) et non-verbale (les expressions du visage, les gestes et la posture) lors de visioconférences. Lors d’une discussion, la majorité de la communication que vous passez est non-verbale et para-verbale. Je n’évoquerai pas les pourcentages associés qui peuvent parfois faire débat car sortis de leur contexte d’études, mais il est clair que la communication verbale est très largement minoritaire par rapport au para-verbal et non-verbal.

Après la photo, la vidéo d’identité ?

Qu’en est-il en visio ? Bonne question pour laquelle je n’ai pas de réponse toute faite mais une petite expérience en la matière à vous partager. Pour avoir précédemment managé une équipe à distance, et avoir mené et assisté à beaucoup de réunions en visio, à quoi devons-nous nous attendre en termes de qualité d’échanges ? Je vais volontairement grossir le trait mais pour moi, j’assimile le fait de voir les vignettes animées de mes interlocuteurs sur écran à des vidéos d’identité, une sorte de téléphone augmenté mais dont les capacités de communication sont terriblement limitées. Nous pourrions nous attendre à recréer un contexte favorable au partage, je l’assimile pourtant à un isolement grandissant des individus. Amis startuppers, n’y aurait-il pas un champ d’investigation pour recréer un espace propice à des échanges plus animés et engageants ?

Pouvoir alterner téléphone, visio et planifier le présentiel

Multiplier les manières de communiquer permet de détecter les situations problématiques. La distance fait que vous aurez plus de mal à identifier un collaborateur qui ne se sent pas bien, qui est en difficulté professionnelle ou personnelle. Les signaux faibles sont encore plus faibles à distance. Casser les modes en variant les canaux, en augmentant la fréquence des échanges peut vous permettre de créer un terrain propice pour évoquer des sujets délicats. Il en va de même avec un collaborateur que vous devez recadrer. Il est fortement déconseillé de le faire autrement qu’en présentiel, mais si l’urgence de la situation ne peut pas attendre le déconfinement, je privilégierais de démultiplier les canaux pour dénouer cette situation en plusieurs étapes.

L’expérience collaborateur doit être repensée à l’aune de ces nouveaux paramètres. Expérience masquée, distanciée, digitalisée à marche forcée. Il est temps de repenser ce parcours, et pourquoi pas trouver les bons leviers pour le réenchanter.

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Dorothée Tagnon