Dans l’univers fascinant de l’art contemporain, l’exposition de Sophie Calle au musée Picasso offre bien plus qu’une expérience esthétique ; elle illustre trois sujets que l’on peut inscrire dans la stratégie d’entreprise : l’importance du narratif, la co-création et la transmission.
Quand le narratif s’invite au centre de l’œuvre
En tissant un lien subtil entre une œuvre et le narratif, Sophie Calle démontre l’importance cruciale des histoires dans la construction d’une identité forte, tant pour l’artiste que pour l’œuvre et les publics qui l’appréhendent. Son œuvre, riche en textes et en narrations personnelles, illustre la manière avec laquelle un récit bien construit peut façonner la perception et l’engagement. Plusieurs séries de photos sont mises en scène avec un texte à côté. Témoignages, verbatims, mises en contexte de son projet artistique, le texte est toujours proche de l’œuvre, en fait partie intégrante, la précède parfois, laissant l’imagination s’imposer avant même de voir la réalité. Elle démontre comment, à partir d’un point de départ, l’univers des différents narratifs est aussi large qu’il y a d’expériences humaines. Et parfois le texte s’efface, lorsqu’elle filme des personnes à Istanbul qui voient la mer pour la première fois, il n’y a probablement pas de mots plus forts que l’expression de leurs visages…
Un appel au collectif pour co-créer une œuvre
La dimension collective constitue un réel parti-pris dans la démarche de Sophie Calle. Son œuvre est une invitation permanente au public à participer à la création artistique. Elle interroge des personnes aveugles de naissance sur leur perception de la beauté ou des couleurs ; elle fait témoigner des personnes qui sont devenues aveugles ; elle sollicite les visiteurs de son exposition sur des projets futurs ; elle demande à des écrivains d’écrire la suite de sa vie qu’elle s’engage à respecter à la lettre… Sophie Calle n’est-elle pas une inspiration pour sortir du cadre de l’entreprise ? Ne reflète-t-elle pas ce que devraient être les tendances contemporaines de co-création en entreprise ? Ouvrir toutes les portes des possibles et voir les chemins qui aboutissent, et assumer ceux qui deviennent des impasses. Certains projets artistiques n’ont, en effet, pas abouti mais elle l’assume et l’explique. Cette approche collaborative, où le public et d’autres artistes contribuent à l’acte créatif, trouve indéniablement un écho dans les pratiques d’innovation participative des entreprises modernes. Elle devrait être source d’inspiration dans la manière de sortir du cadre et investiguer tous les possibles.
De l’importance de la transmission… l’humain au cœur de la démarche
Enfin, l’exposition aborde le thème de la transmission et de la conservation du patrimoine que Sophie Calle a construit toute sa vie. Calle explore la mort et la mémoire. Elle nous invite dans les moments les plus intimes de sa vie : on entre dans une salle d’exposition comme on regarde un film captivant, transformant les derniers mots prononcés par son père et sa mère en scénario, allant jusqu’à faire rédiger sa nécrologie comme le script de la scène finale. Elle n’a pas d’enfant et est très soucieuse de la transmission des choses qui ont entouré sa vie. Elle expose de nombreux objets qui prennent tout leur sens parce que la mise en scène est collective. Une vidéo montre les commissaires-priseurs faire l’inventaire de ces objets. La liste comptable énoncée de manière minutieuse et systématique s’oppose à Sophie Calle, que l’on voit naviguer dans sa maison, sortir de ses toilettes, tantôt assise sur son piano, tantôt dans son canapé ou son atelier.
Nous pourrions évoquer ce pan artistique de Sophie Calle longuement. Retenons ici une réflexion sur la manière dont les entreprises, tout comme les artistes, doivent penser à la préservation et à la transmission de leur héritage, jusque dans les moindres anecdotes et « petits objets ». Les entreprises doivent aussi, et surtout, penser aux collaborateurs qui ont participé à la vie de ces objets et de l’entreprise. La transmission est un tout, l’histoire est un tout : l’ensemble des objets fait l’histoire de l’œuvre, les personnes qui ont fait ces objets et construit l’histoire font partie intégrante de la mémoire artistique. L’humain au cœur de l’ADN, ça vous rappelle quelque chose ?
L’engagement de disruptives.paris envers l’identité de marque et le narratif fait écho à l’approche de Calle, où chaque œuvre raconte une histoire, captivant et associant son public. Cette narration, essentielle dans l’art de Calle, est tout aussi cruciale dans l’entreprise pour construire une marque forte et reconnaissable. Par ailleurs, la centralité du collectif dans la créativité, mise en évidence par la collaboration et la co-création dans les œuvres de Calle, résonne avec la philosophie de disruptives.paris. L’entreprise doit reconnaître la valeur de la diversité des idées et de l’innovation collaborative, favorisant un environnement où les employés sont encouragés à partager et à développer ensemble des idées novatrices. Enfin, le rôle des quinquas en entreprise, souvent négligé, trouve un écho dans la démarche de Calle qui insiste sur la transmission et la conservation du savoir. Chez disruptives.paris, l’expérience des employés plus âgés est considérée comme essentielle pour transmettre aux générations plus jeunes, assurant ainsi la pérennité du savoir-faire et des valeurs de l’entreprise.
Exposition Sophie Calle « À toi de faire, ma mignonne », Musée Picasso jusqu’au 28 janvier 2024.
Pour en savoir plus sur la richesse de cette exposition :
https://www.museepicassoparis.fr/fr/toi-de-faire-ma-mignonne, et plus particulièrement le dossier documentaire accessible depuis cette page.